1er - 6 avril 2024 > résidence de création

MOIRAX, TROTTE-LAPIN (avec le Théâtre Ducourneau)

Ariane, Aude, Bénédicte, Carlos, Jérémy, Julien, Kat & Olivier

Cette première résidence de création est aussi notre premier temps de répétitions dans une véritable forêt, et on peut globalement dire que c’est un cadre de travail extraordinairement plaisant. Nous sommes accueillis par le Théâtre Ducourneau - scène conventionnée d’Agen (où la compagnie est associée) et nous travaillons sur le site éducatif de Trotte-Lapin situé sur la commune de Moirax. Et la météo est de notre côté.

C’est le début des répétitions à proprement parler, c’est-à-dire du travail de mise-en-scène. Toutes les scènes écrites par le trio de dramaturges sont traversées pendant cette résidence, et bien qu’il soit nécessaire de continuer à travailler sur le texte (et à envisager des coupes), nous sommes dans l’ensemble rassurés par le fait que la structure fonctionne, que ce qu’on imaginait peut prendre corps, et même que cela peut créer de très beaux moments. Julien, qui est à la fois interprète et metteur en scène, est souvent extérieur, à regarder et diriger, et lorsqu’il joue, le regard de Bénédicte permet d’avancer dans le travail et la recherche. Car se posent beaucoup de questions pour les interprètes : celle de créer des “personnages”, celle de la prise en charge chorale du fil de pensée, du lien qu’on installe avec les spectateurs, de l’endroit du jeu qui permet de partager cette traversée un peu folle.

Bien que nous ne travaillions que de jour pour l’instant (et nous avons bien conscience que la nuit va apporter de nouvelles choses), nous abordons la forêt comme espace de jeu, et tentons de trouver les dynamiques théâtrales dans un lieu si différent des plateaux dont nous avons l’habitude, d’explorer toutes les possibilités qu’offre cet espace en terme de profondeur de champ, d’apparition et de disparition, de relation avec le végétal. Nous testons également les pistes scénographiques d’Olivier, et Aude aborde sa création costumes en mêlant textile et végétal. Nous cherchons la poésie, la délicatesse.

Nous cherchons également à écrire le parcours de Kat, notre musicienne qui arrive avec du matériel sonore. Il nous faut trouver sa juste place, tout en tenant des comptes de ses contraintes, et nous amusons énormément à l’imaginer telle une dryade. La recherche vocale et musicale se poursuit autour des percussions, des sons de la forêt, et des sons électroniques du synthétiseur modulaire, et Kat souhaite composer un véritable thème mélodique.

Nous avons la joie d’accueillir en répétitions quelques spectateurs complices faisant partie des “Amis du théâtre”, et d’expérimenter avec eux certaines scènes, ce qui est un moment à la fois exaltant et rassurant.

Julien & Carlos

Les Amis du théâtre

Ariane & Carlos

Aude

Jérémy & Olivier

Bénédicte

Kat, Carlos & Jérémy

Carlos, Jérémy & Ariane

Julien Duval
27 - 30 mars 2024 > Travail à la table

Bordeaux (théâtre des 4 saisons & les Avant-Postes)

Ariane, Bénédicte, Carlos, Jérémy & Julien

Quatre jours, comme une amorce du travail au “plateau” qui aura lieu la semaine suivante à Agen : il s’agit de travail à la table avec les comédien·nes et la dramaturge. Nous parcourons la première version du texte. Nous lisons, commentons, interrogeons les points qui ne nous semblent pas clairs, relisons, chronométrons, et surtout faisons des modifications sur le manuscrit… un travail de perfectionnement et de remaniement qui va sans doute se poursuivre par la suite au fil des répétitions, quand les interprètes devront dire ce texte sous la canopée, dans la forêt.

Les premières pistes de distribution commencent à apparaître : sur la base du désir des acteur·ices, sur les intuitions de mise en scène de Julien, sur des équilibres entre les énergies de chacun. Bien que le texte soit très choral et qu’il n’y ait pas à proprement parler de personnage, on commence à rêver à certains traits de caractère que chacun peut apporter à son parcours personnel dans cette histoire.

Dans ces multiples traversées en lecture, c’est aussi l’occasion pour Julien de tester des directions de jeu pour certaines scènes.

Enfin, au cours de ces quatre jours nous rencontrons Sophie Gerber, chercheuse à l’Université de Bordeaux, qui travaille sur l’individualité des végétaux. Une rencontre riche et joyeuse. Nous lui soumettons certaines parties du texte, pour sonder son avis en tant que scientifique. Sophie nous avait par ailleurs fait découvrir un texte de Martin Buber “Je considère un arbre”, qui a été une grande inspiration dans notre processus d’écriture.

lecture au T4S

Aux Avant-Postes

Julien Duval
23 février - 1er mars 2024 > Dernière résidence d'écriture

Le verdon sur mer, MAISON DE GRAVE

Bénédicte, Carlos & Julien

Nous avons la chance d’être accueillis à La Maison de Grave - Département de la Gironde, un site magnifique, isolé au milieu d’une forêt de pins bordant l’Océan. Entre bruit du ressac, vue sur Cordouan et rencontres avec des chevreuils, l’environnement est parfait pour travailler.

L’écriture se poursuit, s’affine. Nous réécrivons, coupons, transformons et retransformons tout. Nous renonçons à “tout dire”, il y a certains mots qui doivent être partagés avec le public, et d’autres qui doivent simplement nous accompagner dans la réflexion et le travail de mise en scène. Nous trouvons des principes d’identifications pour le spectateur, par le biais de personnages. Nous trouvons un rapport sensible aux cohortes d’humains qui nous ont précédé. Nous trouvons du théâtre, du jeu, de l’emphase, de l’humour…

À l’issue de cette résidence, la seconde partie du spectacle n’est pas encore structurée, car nous pensons qu’il s’agit d’une partie qui doit se construire en répétitions, mais nous avons réuni suffisamment de matériau pour pouvoir y travailler avec les acteurs. Nous quittons La Maison de Grave avec une structure qui commence à nous plaire et dont nous avons la sensation qu’elle est cohérente.

la pointe de Grave

vue sur le phare de Cordouan

Julien Duval
CITATION / INSPIRATION

CINQ MÉDITATIONS SUR LA MORT

François Cheng

“Chers amis, merci d’être venus, merci d’habiter cet espace d’accueil de vos présences. À cette heure fixée à l’avance, entre le jour et la nuit, nous nous sommes donc réunis. Et à partir de cet instant, le langage qui nous est commun va tisser un fil d’or entre nous, et tenter de donner le jour à une vérité qui soit partageable par tous.

Toutefois, pour peu que nous y réfléchissions, force nous est d’admettre que nous venons de loin. Chacun de nous est héritier d’une longue lignée, faite de générations qu’il ne connaît pas, et chacun a été déterminé par des liens de sang inextricables qu’il n’avait pas choisis. Rien n’impliquait que nous puissions avoir l’envie et la capacité d’être là ensemble, de trouver un sens quelconque à ce simple fait d’être ensemble, en ce lieu. N’est-il pas vrai que nous sommes perdus au cœur d’un univers énigmatique où, selon beaucoup, règne le pur hasard ? Pourquoi l’univers est-il là ? Nous ne le savons pas. Pourquoi la vie est-elle là ? Nous ne le savons pas. Pourquoi sommes-nous là ? Nous n’en savons rien, ou presque. Encore une fois, selon beaucoup, c’est par hasard que l’univers est un jour advenu. Au commencement, quelque chose d’extrêmement dense a explosé en milliards et milliards de débris. Beaucoup plus tard, c’est par hasard que sur un de ces débris la vie, un jour, est apparue. Rencontre improbable de quelques éléments chimiques, et hop, « cela » a pris ! Une fois le processus enclenché, « cela » pourtant n’a eu de cesse de pousser, de croître en volume et en complexité, de se transmettre et de se transformer, jusqu’à l’avènement des êtres que nous qualifions d’« humains ». Quelle importance ont ces derniers par rapport à l’existence gigantesque, pour ainsi dire sans limites, de l’univers ? Le débris sur lequel est apparue la vie est-il plus grand qu’un grain de sable au milieu d’innombrables autres débris ? Selon une vision répandue, un jour l’homme s’effacera, la vie elle-même s’effacera, sans laisser plus de trace qu’une croûte desséchée, sans que l’univers s’en rende même compte. Dans cette perspective, n’est-il pas un peu dérisoire, voire complètement ridicule, que nous nous prenions au sérieux, que nous nous réunissions ici ce soir, et que, doctement, nous nous proposions de méditer sur la mort, et par là sur la vie ?”

Julien Duval
Décembre 23 & Janvier 24 > Temps d'écriture

Bordeaux

Bénédicte, Carlos et Julien

Lors de ces temps d’écriture, nous avançons énormément sur la structure dramaturgique du projet.

D’abord nous établissons la nécessité d’une parole intime comme point de départ du spectacle. Nous écrivons un monologue initial, celui d’un acteur tenant un crâne, et qui met en parallèle son expérience d’humain jouant Hamlet avec son expérience d’humain face au monde sauvage… Ce point de départ permet de poser la problématique de notre recherche “ C’est quoi être humain ?”.

Ensuite, nous décidons de dérouler le spectacle sous forme de “méditations”, influencés par les ouvrages de François Cheng (Cinq médiations sur la mort et Cinq méditations sur la beauté). Nous aimons la polysémie du mot “méditation” qui évoque aussi bien une réflexion profonde et intense qu’un état de porosité à l’environnement. Nos méditations s’intitulent par exemple “L’art, ou pourquoi s’émeut-on ?”, “L’archéologue et le fossile” ou bien encore “Le carbone aux origines de la vie”.

Enfin, nous envisageons le spectacle en deux partie : une première partie plus claire, concrète, rationnelle, et une seconde partie beaucoup plus obscure, poétique et cosmique.

nos “méditations” en janvier 2024

repérages à Agen

essai de différents matériaux pour la scénographie

repérages à Périgueux

Julien Duval
15 - 26 octobre 2023 > Laboratoire de recherche

LORMONT, VILLA VALMONT (avec le TnBA)

Anna, Ariane, Aude, Bénédicte, Carlos, Elsa, Jérémy, Julien, Kat, Miniature, Olivier & Samuel

Pour la première fois, toute l’équipe de création est réunie. Ce temps de laboratoire est particulièrement riche. Il va nous permettre de poser les bases du travail, de construire ensemble une grammaire commune, de rêver ensemble à l’objet que nous allons faire éclore.

Il y a 2 enjeux prinicipaux à cette résidence :

  • tester les textes déjà écrits, les intuitions de mise en scène et d’ambiance générale du spectacle, mais aussi les pistes esthétiques. Nous cherchons globalement comment “faire théâtre” à partir d’un matériau non théâtral. Ça va de “comment accueillir le public en forêt et l’embarquer dans une forme à laquelle il n’est pas habitué ? à “comment raconter 7 millions d’années d’évolution de l’espèce humaine ?”.

  • développer ce matériau, l’enrichir des imaginaires de tout le monde au moyen d’improvisations. Il peut s’agir d’improvisations collectives, contemplatives, théâtrales, vocales, musicales… ou d’improvisations individuelles préparées autour des thèmes du spectacle (“décrire un spécimen humain lambda”, “partager une expérience d’émerveillement”)

Nous profitons également des heures nocturnes pour faire les premiers essais de lumière, les premières répétitions sous les arbres, sous les étoiles, sous la pluie…

Kat May, notre musicienne, commence à nous apprendre sa version polyphonique et réarrangée par elle du “Remember” de Didon dans l’opéra de Purcell. Cet air d’opéra contient en lui-même de nombreux thèmes autour desquels se bâtit notre dramaturgie : notre capacité d’empathie, notre finitude, notre espoir de laisser une trace de notre passage, notre sensibilité à la beauté…

Cette résidence nous permet enfin de travailler sur une prévision technique globale, d’envisager l’ensemble de notre dispositif (coût, poids, volume, consommation électrique…)

 
 

prototype de lanterne “méduse”

test d’accrochage d’un projecteur sur un arbre

croquis d’Olivier

calcul de volume du gradin

Julien Duval
CITATION / INSPIRATION

LE DERNIER NÉANDERTALIEN

LUDOVIC SLIMAK

“Et si c’était cette irrationalité-là qui définissait vraiment, parfaitement, la matière humaine ? L’humain ne serait ni l’outil, ni la bipédie, ni la pensée, ni l’altruisme, mais notre capacité à créer un monde qui ne connaît aucun écho évident dans les lois naturelles. Notre capacité à retourner la réalité du monde, à basculer les lois de la nature afin de les assujettir, totalement, à notre regard. Irrationnel, bien sûr. « Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas » ne définirait pas le coeur, mais la matière humaine, dans sa totalité. Dans sa profondeur. Dans sa globalité. En réalité, ce n’est ni le coeur ni Dieu dont Pascal nous parle, mais de notre nature la plus profonde. Notre structure d’Être humain. L’humain qui a ses raisons que la raison ne connaît pas. Et c’est ce chavirement de nos pensées, cette contrainte de nos créations sur toute réalité objective qui nous définit, totalement, en chaque instant. Mais d’où vient alors cette nature humaine ? Où donc dans les millions d’années qui nous ont précédés, apparaîtrait ce trait de l’irrationalité, cette volonté de faire ployer le réel sous la seule force de nos imaginaires ? Tout cela ne serait-il pas tout simplement la marque originelle de ce que nous sommes ? Notre vrai, notre seul péché originel ? N’avons-nous pas dans la création du premier des premiers outils, il y a plus de 3 millions d’années, la marque irrationnelle d’une certaine volonté. Un désir. Une envie. Envie de transformer le monde pour en faire un autre chose. Tranchant. Différent. Une autre réalité, surgissement de l’esprit dans la matière. Fruit de la confrontation du regard contre la réalité. Et c’est bien le regard qui a abattu l’ordre du monde et contraint la nature dans une autre chose. Un nouvel état.”

Julien Duval
4 - 15 septembre 2023 > Résidence d'écriture dans les Landes

Saint Maurice sur Adour

Bénédicte, Carlos & Julien

Pour ce second temps d’écriture, nous nous isolons 10 jours dans les Landes. Nous continuons à dévorer du matériau scientifique, à écouter des podcasts. Et nous nous donnons quotidiennement des exercices d’écriture.

L’enjeu est de travailler sur tous les thèmes qui nous tiennent à coeur avec ce projet (l’universel, nos origines communes, notre pratique du théâtre et de l’art en général), toutes les notions centrales dans ce qu’on est en train de développer (la trace laissée, la domestication du feu, l’empathie et les neurones miroirs) tout en creusant le lien avec la forêt. C’est complexe !

Certaines informations que nous apprenons nous fascinent et nous émeuvent, comme par exemple l’origine stellaire des atomes de carbone qui composent notre corps. Nous sommes aussi très touchés par l’écriture de Ludovic Slimak dans Le Dernier Néandertalien. Et on s’interroge également sur la manière de théâtraliser un matériel scientifique fort peu théâtral…

Nous écrivons beaucoup de monologues, inventons des personnages, et nous commençons également à écrire des dialogues, et des chansons. Cette résidence nous permet de creuser notre recherche et de produire beaucoup de matière textuelle… même si nous savons qu’il s’agit d’une étape de travail dont il ne restera sans doute pas grand chose dans le spectacle.

Julien Duval
15 - 20 mai 2023 > 1ère résidence d'écriture

Thionville, NEST

Bénédicte, Carlos & Julien

Cette semaine marque les premiers temps d’exploration de la forêt mosellane, et les prémices de l’écriture du spectacle. Nos premières recherches tournent autour de la question : “Qu’est-ce qui est commun à toute l’humanité ?”

Nous faisons des listes. Des listes de ce que nous partageons tous, des listes de personnages possibles, de scènes possibles. Nous nous posons de nombreuses questions, par exemple : “Quand l’être humain a-t-il commencé à porter des vêtements ?” Nous écrivons des déroulés entiers du spectacle qu’on imagine, des déroulés assez fous.

Nous nous nourrissons de littérature scientifique sur les origines des sapiens, nous nous plongeons dans l’anthropologie, l’archéologie, l’histoire, la sociologie. Nous lisons notamment Rutger Bregmann qui dévéloppe dans Humanité, une histoire optimiste une thèse de sociologie selon laquelle l’idée profondément ancrée selon laquelle l’homme est une loup pour l’homme est fausse, et qu'au contraire l’humain est fondamentalement bon.

Ce qui se profile en tous cas, c’est que :

  • les anciens schémas qui opposent l’humain à l’animal, la culture à la nature, sont caducs, et l’on sait aujourd’hui que nombreux animaux possèdent une culture (= une capacité d’innover et de se transmettre des innovations dans un groupe).

  • les sciences n’apportent aucune réponse univoque, les scientifiques ont des interprétations et des voix discordantes.

écriture en forêt de Thionville

repérages en forêt de Fameck

Julien Duval
24 & 26 avril 2023 > Shooting du visuel (making of)

Forêt de Chaux

Carlos, Julien (et René)

Grâce à René, le père de Julien, nous explorons différents sites de la Forêt de Chaux, dans le Jura, et faisons d’abord des tests, puis des images dans différents endroits de cette forêt. Notre préférence se portera sur les images faites au pied d’un magnifique “chêne remarquable” de cette forêt du Jura appelé le Chêne des Moines, et qui a plus de 300 ans.

Carlos shoote et Julien pose.

photo non retenue

image test

image test

image non retenue

Images © Carlos Martins

Merci à Pierre-Yves Gaulard pour les conseils et le traitement des images !

Julien Duval